Où l'on arrête de planer
Or donc, hier, après être allée m'extasier sur
"comment il est beau mon poulain, comment il grandit trop bien, et
qu'est-ce qu'il se déplace joliment!", je suis allée monter du côté de chez
Swan Paris, sur invitation du prof de Nico. Tanguy m'a fait l'insigne
honneur de me prêter sa monture, joli alezan qu'on dirait un grand poney, bien rond
bien costaud, et surtout niveau caboche (pas plan-plan, quoi). Avec les avantages et les
inconvénients, donc beaucoup trop futé pour le bien du cavalier. Oh quand c'est Tanguy qui le monte, ça va, ça a l'air facile ;
OK il est un peu plongeant dans l'équilibre, mais bon, après tout, c'est
pas bien grave.
Là où ça se complique, c'est quand c'est ton tour de monter dessus. Tu réalises qu'en fait l'équilibre plongeant c'est pas
tellement un problème. Au regard de tous les autres que tu découvres au rythme de plein à la minute, et notamment cette volonté de te tester jusqu'au bout, conjuguée à à l'extrême sensibilité du biquet...
Oh il est bien dressé, c'est clair. Mais tellement bien que t'as pas droit à
l'erreur! C'est qu'il
aime bien courir vite vite vite, hop sur les épaules et boum plus rien dans les
mains, trop marrant! En gros, tu lui laisses un quart de seconde de décision en lâchant le contact ou en ramollissant de la fesse, et bam! tu te retrouves avec un
ticket gratuit pour la station Mir. Enfin non c'est plus Mir maintenant, mais Mir j'aimais bien. Bref, t'es en orbite, Ground control to Major Tom your circuit's dead there's something wrong (oui! je sais!) et au final, j'ai souffert. Beaucoup. Surtout
dans mon amour-propre en fait (je dois être maso, ou franchement mauvaise? mais ça m'arrive trop souvent ces temps-ci).
Encore une fois, je sais exactement d'où viennent mes problèmes. J'ose pas.
J'ai rien dans le bide, pas de tripes, rien. Une vraie lavette. Je monte pas à cheval, je contemple et je trouve ça chouette. Oh il est beau le
dadou d'amour! Je peux me trouver toutes les excuses du monde hein,
"j'étais fatiguée, j'ai conduit sur le périph et j'ai pas l'habitude, c'est le rôti d'oie de papa du 25 à midi,
je planais parce que mon poney est trop beau, j'aime pas qu'on me regarde,
ça me stresse! Pis c'est pas mon cheval, je voudrais pas le casser. Et puis d'abord je fais du dressâge moi môssieur alors la
selle d'obstacle j'suis pas bien dedans (ben voyons!)... et puis la lune était pas à sa place
dans le ciel que ça m'a perturbée" ... Que dalle! Il m'a fallu 20 minutes
pour arriver à maintenir un trot constant dans une attitude pas complètement pourrie
(enfin avec une cadence qui n'est pas celle d'une machine à coudre, et un
cheval qui ne ressemble ni à une girafe ni à un zébu, et avec des courbes, pas des encéphalogrammes d'épileptique). 20 minutes.
Ouais je connaissais pas le cheval, ouais il est farceur et il teste, mais 20
minutes! merde! et je te parle même pas du galop, j'ai pas fait 2 foulées
correctes. Je sais maintenant 2 choses : quand on a rien dans les tripes,
monter un cheval avec trop de gaz, pas bon. Et quand on est trop dans le gaz,
monter un cheval bien dressé qui demande de la rigueur, pas bon non plus.
Pis chercher à galoper quand déjà au trot ça va pas droit, rien de pire. Pourtant j'étais sobre hein, mais juste pas du tout au taquet. Je devrais arrêter le yoga et me remettre au karaté...
Mon cher T, j'ai le grand plaisir de t'annoncer que tu te débarrasseras pas de
moi si facilement. Quand cette ***** de neige a fondu, on s'y recolle, et j'y
arriverai! (en attendant, on peut aller au ski quand même =) ) (et grouille, pour le manège!)